Pascal Canfin, eurodéputé Renew : "Il y a une internationale de l’extrême droite en Europe !"
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Investiture du climatosceptique Donald Trump aux États-Unis, détricotage du Pacte vert européen, allègement des contraintes normatives au nom de la simplification, réintroduction de pesticides interdits : depuis le début de l'année, les associations, les ONG et les cercles de réflexion spécialisés dans la défense de l'environnement encaissent déconvenue sur déconvenue au niveau européen. On en discute avec Pascal Canfin, député européen français du groupe Renew, qui fut ministre du développement de 2012 à 2014.
Adoptée en 2024, la directive dite CS3D sur le devoir de vigilance des grandes entreprises en Europe, ou qui opèrent en Europe, leur impose de prévenir les atteintes aux droits humains, à l'environnement dans l'ensemble de leur chaîne de production.
Le président français et le chancelier allemand ne veulent plus en entendre parler, ce que Pascal Canfin déplore : "Je l'ai dit, je ne suis pas d'accord avec la prise de position d'Emmanuel Macron sur ce sujet. Pourquoi ? Parce qu'au fond, si on accepte l'idée selon laquelle le moins-disant environnemental et le moins-disant social, c'est bon pour nos entreprises, ça veut dire qu'on cherche à faire la concurrence sur le pire type de capitalisme possible. Moi je suis convaincu exactement de la stratégie inverse, à savoir si nous mettons des règles sociales et environnementales pour accéder à notre marché européen, on favorise globalement les entreprises qui sont dans le modèle social européen au détriment de celles qui ne jouent absolument pas le jeu."
S’il a quitté le bureau exécutif de Renaissance, en dénonçant une "stratégie toxique", "c'est que, après la dissolution de juillet de l'année dernière, je n'étais pas d'accord avec la façon dont le président de la République a traité le sujet. Je pense qu'il aurait dû donner sa chance, en l'occurrence au NFP à l'époque, non pas en les nommant à Matignon, mais en faisant en sorte, comme dans toutes les autres démocraties européennes, qu'ils aient la possibilité d'essayer de trouver une majorité".
Il reconnait qu’il y a une offensive idéologique pilotée par l'alliance de l'extrême droite et d'une partie de la droite pour essayer de tuer toutes les lois du Pacte vert : "Le lundi, c’est telle loi qui ne convient plus à la droite. Et puis le mardi, c'est sur les voitures et le mercredi, c'est sur autre chose... Et d'ailleurs, ici, au Parlement européen, Jordan Bardella, le patron du Rassemblement national, a tendu la main au groupe de droite pour dire 'associons-nous pour supprimer tous les textes du Pacte vert' […] Le sort de notre action pour le climat dépend de notre capacité ou non à résister à cette offensive idéologique réactionnaire qui est menée à l'échelle mondiale. On le voit bien avec le retrait des États-Unis de Donald Trump de l'Accord de Paris !"
En Pologne, le nouveau président de la République, l'ultraconservateur Karol Navrocki, pourrait poser son veto notamment au retour de l'État de droit en Pologne, qui a été abîmé par huit années de parti Droit et Justice : "Le parti ultraconservateur polonais est associé aujourd'hui à Donald Trump, puisqu'il y a eu cette fameuse Internationale conservatrice qui a fait pression en Pologne en faveur du candidat ultraconservateur et qui a gagné de quelques dixièmes de points […] Ça m'étonnerait cependant fortement que le président polonais aille jusqu'à mettre un veto et rejoigne Viktor Orban dans ce combat contre l'aide de très court terme de l'Union européenne à l'Ukraine", conclut-il.
Émission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero et Oihana Almandoz